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L'INVESTISSEMENT PARTAGÉ AU SERVICE DE LA SPÉCIALISATION

Les coûts de mécanisation augmentent de façon continue depuis 2007. Dans ce contexte, l'investissement collectif offre des économies d'échelle et une voie d'amélioration de la marge brute.

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AGIR SUR LE MONTANT DES ANNUITÉS ET DES CHARGES de structure, en vue d'atteindre ses objectifs d'EBE, est une stratégie de long terme. Mais l'enjeu est de taille, car l'étude réalisée par le CER France auprès de 63 exploitations laitières des Ardennes révèle une augmentation continue des coûts de mécanisation : de 378 €/ha en 2007, à 460 € en moyenne en 2015 (+ 21 %). Dans le détail, les coûts d'entretien (+ 19 %) augmentent en même temps que le montant des amortissements (+ 28 %). « Ces chiffres confirment la hausse du prix des machines et des frais d'entretien que nous avons tous observée sur nos factures », souligne Laurent Mangeart, trésorier de la FDCuma 08.

DES INVESTISSEMENTS NON RENTABILISABLES SUR DE PETITES SURFACES

Là encore, il y a donc intérêt à se comparer et à jouer collectif, car la logique patrimoniale peut prendre le pas sur la logique d'entreprise. Dans cette étude, on observe en effet un écart de 75 euros/ha sur le coût de mécanisation entre les quarts supérieur et inférieur (de 481 à 406 €/ha). « En matière d'investissement matériel entrent en jeu une part d'affectif et parfois un besoin de reconnaissance vis-à-vis de son environnement », souligne Marie Fuselier, conseillère d'entreprise au CER Nord-Est-Île-de-France.Or, l'analyse comparative des coûts de fonctionnement (voir ci-contre) montre que l'investissement individuel requiert des surfaces conséquentes pour être rentabilisé. En outre, ces chiffres ne tiennent pas compte de l'amélioration des résultats du troupeau liée à une plus grande spécialisation, lorsque l'éleveur délègue ses travaux de plaine. La conseillère rappelle, par exemple, qu'une chaleur non détectée et le report de l'insémination d'un cycle coûtent environ 40 €.

« De plus, l'ETA ou la Cuma avec chauffeurs, qui fonctionne sur le même principe, ont des matériels plus performants avec des débits de chantier plus rapide, pouvant avoir un impact sur la qualité des fourrages dans le cas des ensilages. C'est un autre avantage que nous n'avons pas pu chiffrer. » C'est donc la rentabilité du matériel qui ne sert que quelques jours par an qui est en cause.Dès lors, différentes options permettent de bénéficier de matériels récents et performants pour une faible durée d'utilisation, sans entamer la capacité d'investissement : la location, le cercle d'échanges, l'ETA... « Pour du matériel peu utilisé, la location représente un vrai intérêt et va forcément être amenée à se développer », estime Laurent Mangeart.

Le cercle d'échanges fonctionne un peu sur le même principe : il permet à un agriculteur, demandeur de services, de s'adresser à un « offreur », pour divers travaux. Le cercle ne possède aucun matériel, il est géré par un animateur chargé des mises en relation entre les membres contre le versement d'une cotisation. L'ETA offre la possibilité de déléguer intégralement les chantiers. « Les tarifs dépendent de la concurrence qui existe localement. Dans les Ardennes, les ETA sont peu nombreuses, ce qui peut expliquer un coût supérieur aux Cuma très présentes dans le département. »

Dans ce contexte, la question de la disponibilité de l'ETA amène à se tourner vers l'investissement partagé en entraide, en copropriété ou en Cuma. « En temps de crise, le collectif permet d'échanger, d'être conseillé et soutenu et aide à passer le cap sans rester enfermé chez soi avec ses difficultés », rappelle Laurent Mangeart.

UN INTÉRÊT CROISSANT POUR LA COPROPRIÉTÉ

L'entraide est l'incarnation même de cette notion de partage du travail et des moyens de production. Elle est souple d'organisation, mais implique de jouer le jeu de la réciprocité. La copropriété, sous le régime de l'indivision, est une formule également souple, adaptée à du petit matériel. « Pour de gros investissements, il y a un risque juridique en cas de mésentente ou d'arrêt d'activité, prévient Marie Fuselier. Mais cette formule a l'avantage de pouvoir suramortir grâce à la loi Macron et de façon dégressive, mais aussi d'être exonérée des plus-values sur la revente, ce qui n'est pas possible en Cuma. »

À partir de quatre adhérents, la Cuma offre une réelle économie de fonctionnement, avec des statuts qui permettent de sortir ou d'entrer dans le dispositif en cours d'investissement. Le dimensionnement est primordial pour une bonne disponibilité des équipements et c'est pourquoi certains y voient une perte d'indépendance. « La stratégie de mécanisation dépend avant tout du projet de vie et des affinités de chacun. Le choix de l'ETA ou de la Cuma va dans le sens d'une plus grande spécialisation dont un impact positif est attendu sur la margebrute de l'atelier lait. »

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